L'Asie,
un terrain pour les catastrophes naturelles
Le 26 décembre 2004, un séisme sous-marin au large de Sumatra déclenchait un tsunami qui allait toucher une grande partie des côtes de l'Asie du Sud-Est, comme ici en Thaïlande. Crédits photo : SIPA
Après le cyclone en Birmanie et le tremblement de terre en Chine, il semble que l'explosion des catastrophes naturelles en Asie ne tienne pas au hasard. C'est une des régions les plus sismiques au monde, qui concentre de surcroît tous les ingrédients d'un cocktail climatique explosif.
Cela ressemble à une véritable série noire. D'abord, le cyclone Nargis, début mai en Birmanie, responsable de plus de 100 000 morts. Puis mi-mai, un séisme de magnitude 7,9 à Chengdu en Chine qui aurait causé lui, selon les derniers chiffres, le décès de plus de 50 000 personnes. Sans compter les disparus, les sans-abri, les blessés. Moins de quatre ans après le tsunami dévastateur du 26 décembre 2004, l'Asie semble une nouvelle fois en proie à la colère des dieux. Comme si les éléments naturels s'acharnaient tout particulièrement sur cette partie du monde. L'Orient serait-il davantage prédisposé que d'autres régions du globe à subir l'ire des éléments ? La question en dérange plus d'un. «Pour nous, ce n'est qu'une coïncidence», lance Mustapha Meghraoui, physicien géologue à l'Institut de physique du globe de Strasbourg, qui insiste sur la nécessité, pour les scientifiques, d'avoir une vision non à court terme mais sur 3 000 ans.
Il reste que les faits sont là : depuis 1970, les cinq catastrophes les plus meurtrières recensées par le réassureur Swiss Re ont frappé l'Asie. «En 2007, le Bangladesh, l'Inde, la Chine et le Pakistan ont déploré le plus grand nombre de victimes de catastrophes», note la dernière étude Sigma, réalisée par le réassureur.
Il faut dire que la zone concentre une série de données géophysiques qui en font une région à risques. Elle est une des zones les plus peuplées et à la fois les plus sismiques de la planète. Avec, d'une part, tout le système tectonique indo-himalayen dû à la poussée de l'Inde contre le continent et, d'autre part, toute une série de très longues failles dans le Sud-Est et l'Est, où les séismes sont très nombreux et ramassés dans des périmètres réduits (notre carte). «En tectonique des plaques, les vitesses de déformation en Asie figurent parmi les plus rapides», explique Mustapha Meghraoui. Au niveau de Sumatra, par exemple, la plaque indo-australienne se déplace vers la plaque eurasienne au rythme de 5 à 6 centimètres par an, l'activité sismique s'échelonnant ailleurs de quelques millimètres à 7 centimètres par an.
Il faut dire aussi que d'un point de vue climatique, comme l'explique Philippe Dandin, directeur de la climatologie de Météo France, cette région de l'Orient «présente aussi tous les ingrédients d'un cocktail explosif». À commencer par le choc frontal entre les masses d'eau chaude provenant de l'océan Pacifique et de l'océan Indien avec les masses d'air froid issues de Sibérie et du Tibet, qui provoquent des cyclones. Lorsque les vents s'engouffrent dans le golfe du Bengale, qui joue comme un entonnoir, ainsi que c'est arrivé en Birmanie, ce sont des millions de mètres cubes d'eau qui peuvent alors être charriés vers l'intérieur des terres.
Changement climatique
«Le cyclone Nargis est intervenu très tôt dans la saison des cyclones, relève Philippe Dandin. On craint beaucoup une accélération des précipitations, car avec la mousson et les sols détrempés, les effets se superposent.» De quoi faire redouter aux experts un impact négatif sur les stocks de riz.
«Depuis cinquante ans, la fréquence et l'intensité des inondations suivent une tendance à la hausse», constate aussi Paul de Fraipont, directeur du Sertit (service d'imagerie satellite au service des acteurs de la protection civile et de l'humanitaire en cas de catastrophe naturelle), qui cartographie actuellement la Birmanie. D'où l'inquiétude des réassureurs, qui assistent, eux, à une augmentation des dommages assurés dus à ce type de sinistres, en hausse de 12 % par an dans le monde, relève Swiss Re : il en a coûté pas moins de 6 milliards de dollars en 2005, contre 500 millions en 1970.
De là à établir un lien avec le changement climatique, il n'y a qu'un pas, que Swiss Re n'hésite pas à franchir dans son étude Sigma : «L'élévation des températures entraîne une intensification du système hydrologique, laquelle se traduit par des précipitations plus fortes ainsi que par des crues plus nombreuses et plus importantes», en se référant au dernier rapport du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (Giec).
Selon des chercheurs indiens (1), le changement climatique a également pour effet d'accentuer les précipitations au moment de la mousson sur le continent indien. En étudiant les relevés journaliers des précipitations de 1951 à 2000 dans le centre de l'Inde, ces climatologues ont observé que la fréquence et l'amplitude des pluies intenses augmentaient, tandis que celles des épisodes plus modestes avaient tendance à décliner. Les experts du Giec nous ont en effet prévenus : les événements climatiques extrêmes risquent de se multiplier.
Après le cyclone en Birmanie et le tremblement de terre en Chine, il semble que l'explosion des catastrophes naturelles en Asie ne tienne pas au hasard. C'est une des régions les plus sismiques au monde, qui concentre de surcroît tous les ingrédients d'un cocktail climatique explosif.
Cela ressemble à une véritable série noire. D'abord, le cyclone Nargis, début mai en Birmanie, responsable de plus de 100 000 morts. Puis mi-mai, un séisme de magnitude 7,9 à Chengdu en Chine qui aurait causé lui, selon les derniers chiffres, le décès de plus de 50 000 personnes. Sans compter les disparus, les sans-abri, les blessés. Moins de quatre ans après le tsunami dévastateur du 26 décembre 2004, l'Asie semble une nouvelle fois en proie à la colère des dieux. Comme si les éléments naturels s'acharnaient tout particulièrement sur cette partie du monde. L'Orient serait-il davantage prédisposé que d'autres régions du globe à subir l'ire des éléments ? La question en dérange plus d'un. «Pour nous, ce n'est qu'une coïncidence», lance Mustapha Meghraoui, physicien géologue à l'Institut de physique du globe de Strasbourg, qui insiste sur la nécessité, pour les scientifiques, d'avoir une vision non à court terme mais sur 3 000 ans.
Il reste que les faits sont là : depuis 1970, les cinq catastrophes les plus meurtrières recensées par le réassureur Swiss Re ont frappé l'Asie. «En 2007, le Bangladesh, l'Inde, la Chine et le Pakistan ont déploré le plus grand nombre de victimes de catastrophes», note la dernière étude Sigma, réalisée par le réassureur.
Il faut dire que la zone concentre une série de données géophysiques qui en font une région à risques. Elle est une des zones les plus peuplées et à la fois les plus sismiques de la planète. Avec, d'une part, tout le système tectonique indo-himalayen dû à la poussée de l'Inde contre le continent et, d'autre part, toute une série de très longues failles dans le Sud-Est et l'Est, où les séismes sont très nombreux et ramassés dans des périmètres réduits (notre carte). «En tectonique des plaques, les vitesses de déformation en Asie figurent parmi les plus rapides», explique Mustapha Meghraoui. Au niveau de Sumatra, par exemple, la plaque indo-australienne se déplace vers la plaque eurasienne au rythme de 5 à 6 centimètres par an, l'activité sismique s'échelonnant ailleurs de quelques millimètres à 7 centimètres par an.
Il faut dire aussi que d'un point de vue climatique, comme l'explique Philippe Dandin, directeur de la climatologie de Météo France, cette région de l'Orient «présente aussi tous les ingrédients d'un cocktail explosif». À commencer par le choc frontal entre les masses d'eau chaude provenant de l'océan Pacifique et de l'océan Indien avec les masses d'air froid issues de Sibérie et du Tibet, qui provoquent des cyclones. Lorsque les vents s'engouffrent dans le golfe du Bengale, qui joue comme un entonnoir, ainsi que c'est arrivé en Birmanie, ce sont des millions de mètres cubes d'eau qui peuvent alors être charriés vers l'intérieur des terres.
Changement climatique
«Le cyclone Nargis est intervenu très tôt dans la saison des cyclones, relève Philippe Dandin. On craint beaucoup une accélération des précipitations, car avec la mousson et les sols détrempés, les effets se superposent.» De quoi faire redouter aux experts un impact négatif sur les stocks de riz.
«Depuis cinquante ans, la fréquence et l'intensité des inondations suivent une tendance à la hausse», constate aussi Paul de Fraipont, directeur du Sertit (service d'imagerie satellite au service des acteurs de la protection civile et de l'humanitaire en cas de catastrophe naturelle), qui cartographie actuellement la Birmanie. D'où l'inquiétude des réassureurs, qui assistent, eux, à une augmentation des dommages assurés dus à ce type de sinistres, en hausse de 12 % par an dans le monde, relève Swiss Re : il en a coûté pas moins de 6 milliards de dollars en 2005, contre 500 millions en 1970.
De là à établir un lien avec le changement climatique, il n'y a qu'un pas, que Swiss Re n'hésite pas à franchir dans son étude Sigma : «L'élévation des températures entraîne une intensification du système hydrologique, laquelle se traduit par des précipitations plus fortes ainsi que par des crues plus nombreuses et plus importantes», en se référant au dernier rapport du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (Giec).
Selon des chercheurs indiens (1), le changement climatique a également pour effet d'accentuer les précipitations au moment de la mousson sur le continent indien. En étudiant les relevés journaliers des précipitations de 1951 à 2000 dans le centre de l'Inde, ces climatologues ont observé que la fréquence et l'amplitude des pluies intenses augmentaient, tandis que celles des épisodes plus modestes avaient tendance à décliner. Les experts du Giec nous ont en effet prévenus : les événements climatiques extrêmes risquent de se multiplier.
(1) «Science», 1er décembre 2006.
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