lundi 12 mai 2008

La junte birmane se félicite du «succès» de son référendum

La junte birmane se félicite
du «succès» de son référendum

Un électeur birman vote samedi à proximité de Rangoun.
Malgré les millions de sinistrés du cyclone Nargis toujours privés d'aide, le pouvoir assure que la participation a été «massive».
Malgré les 28.458 morts et 33.416 disparus du cyclone Nargis (bilan provisoire) et deux millions de sinistrés toujours en attente d'une aide internationale en grande partie bloquée, le régime birman s'est félicité dimanche du «succès» de son référendum. De son côté, le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner a dénoncé dimanche la «farce de référendum» dans ce pays.
Appelés aux urnes samedi pour la première fois depuis 18 ans, les électeurs ont «massivement» participé, selon le quotidien officiel New Light of Myanmar, qui ne fait aucune mention de la catastrophe, l'une des pires de l'histoire du pays. Toujours selon le journal, qui ne cite aucun chiffre, «la tenue du référendum a été couronnée de succès dans l'ensemble du pays», à l'exception des 47 municipalités de Rangoun et du delta de l'Irrawaddy (sud-ouest) où il a été reporté au 24 mai.
La télévision d'Etat a diffusé des images de généraux birmans votant lors de ce référendum, censé ouvrir la voie à des «élections multipartites» en 2010 et à un éventuel «transfert de pouvoir» aux civils. Pour l'opposition emmenée par la lauréate 1991 du prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi et qui avait appelé à voter «non», le texte constitutionnel pérennise la suprématie de l'armée, au pouvoir depuis 1962.
Le numéro un de la junte, le généralissime Than Shwe, 75 ans, réputé sensible aux conseils d'astrologues, était apparemment déterminé à ce que le référendum se tienne à la date prévue. Il a ignoré les appels internationaux et ceux de la Ligue nationale pour la démocratie de Suu Kyi à donner la priorité absolue au sauvetage des 1,5 à deux millions de sinistrés désespérés du cyclone Nargis. L'ONU a indiqué n'avoir eu accès qu'à 500.000 d'entre eux, soit un quart seulement des sinistrés.
Les secours toujours freinés par le régime
L'assistance continue d'arriver au compte-gouttes en Birmanie, du fait du refus du régime de laisser conduire les opérations de secours par des étrangers.Nicolas Sarkozy a dénoncé samedi un régime «éminemment condamnable qui refuse l'aide internationale» et la chancelière allemande Angela Merkel a jugé «inacceptables» les restrictions imposées.
Pour leur part, les Etats-Unis ont annoncé l'arrivée lundi d'un premier avion militaire transportant de l'aide et se sont abstenus de critiquer l'organisation du référendum, en soulignant seulement que la junte devait s'atteler aux opérations de secours.
La France a annoncé l'envoi d'un bateau chargé de 1.500 tonnes d'aide attendu en Birmanie d'ici à la fin de la semaine. Un avion affrété par Médecins sans frontières (MSF), avec 35 tonnes de matériels, a quitté samedi la France, mais un appareil de Médecins du monde et de la Croix-Rouge, avec 36 tonnes a, lui, été retardé. Par ailleurs, un avion cargo affrété par la Croix rouge est arrivé dimanche matin à Rangoun avec 35 tonnes de matériel, pouvant fournir des soins de santé de base et de l'eau potable à 10.000 personnes.
»Lire aussi : Kouchner : «agir sans attendre» en Birmanie

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