Cyclone en Birmanie :
le bilan atteindrait 100 000 morts
Des soldats thaïlandais et birmans déchargent, mardi à Rangoun, de l'aide alimentaire d'un avion militaire en provenance de Bangkok.
La frustration croît parmi les travailleurs humanitaires toujoursen attente de visas pour pouvoir pénétrer dans l'un des pays les plus isolés du monde.
» EN IMAGES - Scènes de désolation en Birmanie
Surla télévision de la dictature birmane passent en boucle les soldats empoignant les sacs de riz, les camions distribuant de l'eau et les officiers à lunettes noires penchés sur la détresse de la population. «Le gouvernement fait de son mieux pour secourir les victimes», commente une speakerine, avant de prévenir, avec la même raideur, que «quiconque cherche à diviser Tatmadaw (l'armée) et le peuple est notre ennemi».
La catastrophe humanitaire ne cesse de prendre de l'ampleur. La chargée d'affaires américaine à Rangoun a évoqué mercredi un bilan qui pourrait dépasser les 100 000 morts. On parle aussi d'un million de sans-abri. Si ces chiffres effroyables interdisent à la junte de refuser ouvertement la main tendue des organisations non gouvernementales (ONG) étrangères, des gouvernements occidentaux et même de l'ONU, la suspicion règne. La paranoïa du régime birman laisse craindre que celui-ci ne consente à pleinement accueillir l'aide internationale qu'après samedi, une fois passé ce référendum sur une nouvelle Constitution auquel seuls les militaires birmans trouvent aujourd'hui de l'intérêt.
«Les victimes du cyclone ont un besoin urgent de l'aide des agences internationales, dont les Nations unies», s'est mercredi écrié le parti de l'opposante birmane Aung San Suu Kyi. Plusieurs gouvernements ont haussé le ton, à l'instar de celui des États-Unis. «De nombreux pays ont offert leur aide et nous sommes de plus en plus inquiets devant la situation désespérée à laquelle sont confrontés beaucoup de gens», a confié la porte-parole de la Maison-Blanche, avant d'énoncer une triste lapalissade : «Nous essaierons d'aider au mieux si nous ne pouvons pas entrer dans le pays, mais ne pas être sur place pour aider directement va gêner nos efforts.»
Après de longues négociations, un premier avion de l'ONU transportant de l'aide d'urgence a tout de même pu décoller mercredi d'Italie. La Croix-Rouge espère que son avion partira jeudi, avant qu'un second transport avec des jerrycans d'eau ne suive demain. À Genève, on n'en cache pas moins que «les relations sont très compliquées» avec la junte.
Le langage est plus cru chez les ONG qui attendent toujours des laissez-passer des autorités birmanes. Si elles n'obtiennent pas des renforts en hommes et en matériels, les équipes humanitaires sur place, qui ont commencé leur travail, vont rapidement épuiser leur stock de couvertures, de tentes et de nourriture. L'eau va cruellement manquer. Les petites réserves médicales ne permettront pas d'endiguer les épidémies de typhoïde, de choléra ou de malaria, qui ne manqueront pas de se déclarer.
«Les militaires ne veulent pas d'étrangers, mais, cherche à se rassurer Françoise Sivignon, de Médecins du monde, ils acceptent les distributions par les nationaux. » Comme toutes les organisations emploient des Birmans, un premier résultat serait d'obtenir de la junte la livraison d'aide aux équipes sur place. Avant que les humanitaires «prépositionnés» en Thaïlande puissent entrer en Birmanie. Avant qu'il ne soit trop tard.
"Le plus urgent est de dégager les routes"
«Les généraux sont dans leur monde et le dialogue est impossible !», déplore Bernard Delpuech, responsable de l'aide humanitaire européenne à Rangoun. «Nous n'avons jamais autant ressenti la distance entre Rangoun et Naypyidaw», la nouvelle capitale des militaires isolée dans la jungle montagneuse, dit-il. «Nos experts en gestion de catastrophe naturelle attendent toujours leur visa. Et les cinq spécialistes de l'ONU seraient plus à leur place dans le delta de l'Irrawaddy que sur le tarmac de l'aéroport de Bangkok.»
Sur la foi des témoignages recueillis dans son pays d'origine, Khin Maung Win, adjoint de la radio d'opposition en exil Democratic Voice of Burma, assure qu'en fait «la junte veut gérer l'aide elle-même». Les Chinois et Thaïlandais, «pour ne pas embarrasser le gouvernement birman» avec lequel ils sont liés, ont déposé leurs colis à l'aéroport de Rangoun, puis sont repartis. «Mais les militaires birmans sont capables de refuser l'aide américaine pour ne pas qu'elle soit livrée par des Américains», affirme Khin Maung Win, qui précise que la junte est incapable de faire face à une catastrophe humanitaire.
Selon Marie Yared, une responsable de World Vision, l'une des rares ONG présentes dans le delta de l'Irrawaddy, «le plus urgent est de dégager les routes encombrées d'arbres énormes et de gravats pour ouvrir un passage aux secours. Le problème est qu'il n'y a ni tronçonneuses, ni engins de chantier. La pénurie d'essence commence. Et puis, il y a le manque de vivres. Le sac de riz se vend déjà 65 % plus cher. Enfin, il va falloir vite prendre en compte les logements. Généralement, la mousson commence mi-mai»…
Cinq jours après la catastrophe, plusieurs équipes humanitaires commencent à rejoindre le delta. Avant le passage du cyclone, il fallait plus de cinq heures pour parcourir les 150 kilomètres qui séparent Rangoon de cette région où, selon les témoignages, «des milliers de corps flottent ou sont échoués sur des talus».
» EN IMAGES - Scènes de désolation en Birmanie
Surla télévision de la dictature birmane passent en boucle les soldats empoignant les sacs de riz, les camions distribuant de l'eau et les officiers à lunettes noires penchés sur la détresse de la population. «Le gouvernement fait de son mieux pour secourir les victimes», commente une speakerine, avant de prévenir, avec la même raideur, que «quiconque cherche à diviser Tatmadaw (l'armée) et le peuple est notre ennemi».
La catastrophe humanitaire ne cesse de prendre de l'ampleur. La chargée d'affaires américaine à Rangoun a évoqué mercredi un bilan qui pourrait dépasser les 100 000 morts. On parle aussi d'un million de sans-abri. Si ces chiffres effroyables interdisent à la junte de refuser ouvertement la main tendue des organisations non gouvernementales (ONG) étrangères, des gouvernements occidentaux et même de l'ONU, la suspicion règne. La paranoïa du régime birman laisse craindre que celui-ci ne consente à pleinement accueillir l'aide internationale qu'après samedi, une fois passé ce référendum sur une nouvelle Constitution auquel seuls les militaires birmans trouvent aujourd'hui de l'intérêt.
«Les victimes du cyclone ont un besoin urgent de l'aide des agences internationales, dont les Nations unies», s'est mercredi écrié le parti de l'opposante birmane Aung San Suu Kyi. Plusieurs gouvernements ont haussé le ton, à l'instar de celui des États-Unis. «De nombreux pays ont offert leur aide et nous sommes de plus en plus inquiets devant la situation désespérée à laquelle sont confrontés beaucoup de gens», a confié la porte-parole de la Maison-Blanche, avant d'énoncer une triste lapalissade : «Nous essaierons d'aider au mieux si nous ne pouvons pas entrer dans le pays, mais ne pas être sur place pour aider directement va gêner nos efforts.»
Après de longues négociations, un premier avion de l'ONU transportant de l'aide d'urgence a tout de même pu décoller mercredi d'Italie. La Croix-Rouge espère que son avion partira jeudi, avant qu'un second transport avec des jerrycans d'eau ne suive demain. À Genève, on n'en cache pas moins que «les relations sont très compliquées» avec la junte.
Le langage est plus cru chez les ONG qui attendent toujours des laissez-passer des autorités birmanes. Si elles n'obtiennent pas des renforts en hommes et en matériels, les équipes humanitaires sur place, qui ont commencé leur travail, vont rapidement épuiser leur stock de couvertures, de tentes et de nourriture. L'eau va cruellement manquer. Les petites réserves médicales ne permettront pas d'endiguer les épidémies de typhoïde, de choléra ou de malaria, qui ne manqueront pas de se déclarer.
«Les militaires ne veulent pas d'étrangers, mais, cherche à se rassurer Françoise Sivignon, de Médecins du monde, ils acceptent les distributions par les nationaux. » Comme toutes les organisations emploient des Birmans, un premier résultat serait d'obtenir de la junte la livraison d'aide aux équipes sur place. Avant que les humanitaires «prépositionnés» en Thaïlande puissent entrer en Birmanie. Avant qu'il ne soit trop tard.
"Le plus urgent est de dégager les routes"
«Les généraux sont dans leur monde et le dialogue est impossible !», déplore Bernard Delpuech, responsable de l'aide humanitaire européenne à Rangoun. «Nous n'avons jamais autant ressenti la distance entre Rangoun et Naypyidaw», la nouvelle capitale des militaires isolée dans la jungle montagneuse, dit-il. «Nos experts en gestion de catastrophe naturelle attendent toujours leur visa. Et les cinq spécialistes de l'ONU seraient plus à leur place dans le delta de l'Irrawaddy que sur le tarmac de l'aéroport de Bangkok.»
Sur la foi des témoignages recueillis dans son pays d'origine, Khin Maung Win, adjoint de la radio d'opposition en exil Democratic Voice of Burma, assure qu'en fait «la junte veut gérer l'aide elle-même». Les Chinois et Thaïlandais, «pour ne pas embarrasser le gouvernement birman» avec lequel ils sont liés, ont déposé leurs colis à l'aéroport de Rangoun, puis sont repartis. «Mais les militaires birmans sont capables de refuser l'aide américaine pour ne pas qu'elle soit livrée par des Américains», affirme Khin Maung Win, qui précise que la junte est incapable de faire face à une catastrophe humanitaire.
Selon Marie Yared, une responsable de World Vision, l'une des rares ONG présentes dans le delta de l'Irrawaddy, «le plus urgent est de dégager les routes encombrées d'arbres énormes et de gravats pour ouvrir un passage aux secours. Le problème est qu'il n'y a ni tronçonneuses, ni engins de chantier. La pénurie d'essence commence. Et puis, il y a le manque de vivres. Le sac de riz se vend déjà 65 % plus cher. Enfin, il va falloir vite prendre en compte les logements. Généralement, la mousson commence mi-mai»…
Cinq jours après la catastrophe, plusieurs équipes humanitaires commencent à rejoindre le delta. Avant le passage du cyclone, il fallait plus de cinq heures pour parcourir les 150 kilomètres qui séparent Rangoon de cette région où, selon les témoignages, «des milliers de corps flottent ou sont échoués sur des talus».
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