Suu Kyi amorce un dialogue avec la junte birmane Aung San Suu Kyi s’est entretenue pendant plus d’une heure avec le général Aung Kyi, ministre du Travail, hier à Rangoun. Crédits photo : AFP
Les experts de la Birmanie soupçonnent les militaires de chercher à gagner du temps.
Bangkok
En la mettant au secret et en taisant son nom, les généraux birmans ont toujours tenté de marginaliser l’icône de la lutte pour la démocratie. Mais, après l’émoi provoqué par la répression de la « révolution safran », la junte refait d’Aung San Suu Kyi une interlocutrice. Sous la pression internationale, elle l’a autorisée hier à rencontrer trois cadres de son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (LND). Cela faisait plus de trois ans qu’elle n’avait pas eu de contacts avec ses partisans. Elle leur a dit son « optimisme » quant aux chances de réconciliation politique.
Puis le Prix Nobel de la paix a revu le ministre du Travail, Aung Kyi, préposé par la junte pour une deuxième séance « d’entretiens préliminaires ». Pour l’émissaire des Nations unies, Ibrahim Gambari, « un processus est en marche » qui pourrait conduire à « un dialogue important entre le gouvernement et Aung San Suu Kyi ». Cette soudaine euphorie tranche avec la déception qui a entouré toute la mission de médiation de Gambari.
Cette semaine, le diplomate a dû attendre à Naypyidaw, la nouvelle capitale noyée dans la poussière, que des seconds couteaux du régime daignent lui parler. Le généralissime Than Shwe l’a ostensiblement ignoré et a été clair : « Il n’y aura pas de discussions tant que les sanctions américaines et européennes ne seront pas levées. »
Malgré l’amorce de dialogue d’hier, les spécialistes des affaires birmanes restent sceptiques. « Le généralissime Than Shwe et ses acolytes ne feront aucune concession sur un partage du pouvoir. Ils ne négocieront pas leurs privilèges à la baisse », estime Bertil Lintner, auteur de nombreux ouvrages sur la Birmanie.
« Un cimetière diplomatique »
Les généraux gagnent du temps en donnant un vague espoir que les choses bougent, comme ils l’avaient fait il y a19 ans. Après le massacre de 1988, ils avaient annoncé des élections. Comme ils les ont perdues, ils les ont annulées.Et aujourd’hui, ils sont toujours au pouvoir. Avec autant de sincérité, ils ont nommé cette fois un « officier de liaison » pour maintenir de « bonnes relations » avec la figure de proue de l’opposition Aung San Suu Kyi.
L’ONU, elle, n’en est pas à son premier échec sur ce dossier. « La Birmanie est un cimetière diplomatique », rappelle Kyaw Zwa Moe, vétéran de la lutte prodémocratique, en exil en Thaïlande. « Les six diplomates chargés du dossier birman qui se sont succédé depuis 1990 ont tous renoncé, dans un état de terrible frustration. » Le Mauricien Rajsoomer Lallah n’a jamais pu obtenir de visa en quatre ans. Après douze visites, le Malaisien Razali Ismail, le seul à avoir obtenu une ébauche de dialogue fin 2003, n’a pas renouvelé son contrat en janvier 2006 : « J’ai échoué, je pensais pouvoir faciliter le processus de réconciliation nationale et de démocratisation. Je n’ai pas réussi. C’est ainsi. Cela ne sert à rien de tourner autour du pot », avait-il constaté.
Les experts de la Birmanie soupçonnent les militaires de chercher à gagner du temps.
Bangkok
En la mettant au secret et en taisant son nom, les généraux birmans ont toujours tenté de marginaliser l’icône de la lutte pour la démocratie. Mais, après l’émoi provoqué par la répression de la « révolution safran », la junte refait d’Aung San Suu Kyi une interlocutrice. Sous la pression internationale, elle l’a autorisée hier à rencontrer trois cadres de son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (LND). Cela faisait plus de trois ans qu’elle n’avait pas eu de contacts avec ses partisans. Elle leur a dit son « optimisme » quant aux chances de réconciliation politique.
Puis le Prix Nobel de la paix a revu le ministre du Travail, Aung Kyi, préposé par la junte pour une deuxième séance « d’entretiens préliminaires ». Pour l’émissaire des Nations unies, Ibrahim Gambari, « un processus est en marche » qui pourrait conduire à « un dialogue important entre le gouvernement et Aung San Suu Kyi ». Cette soudaine euphorie tranche avec la déception qui a entouré toute la mission de médiation de Gambari.
Cette semaine, le diplomate a dû attendre à Naypyidaw, la nouvelle capitale noyée dans la poussière, que des seconds couteaux du régime daignent lui parler. Le généralissime Than Shwe l’a ostensiblement ignoré et a été clair : « Il n’y aura pas de discussions tant que les sanctions américaines et européennes ne seront pas levées. »
Malgré l’amorce de dialogue d’hier, les spécialistes des affaires birmanes restent sceptiques. « Le généralissime Than Shwe et ses acolytes ne feront aucune concession sur un partage du pouvoir. Ils ne négocieront pas leurs privilèges à la baisse », estime Bertil Lintner, auteur de nombreux ouvrages sur la Birmanie.
« Un cimetière diplomatique »
Les généraux gagnent du temps en donnant un vague espoir que les choses bougent, comme ils l’avaient fait il y a19 ans. Après le massacre de 1988, ils avaient annoncé des élections. Comme ils les ont perdues, ils les ont annulées.Et aujourd’hui, ils sont toujours au pouvoir. Avec autant de sincérité, ils ont nommé cette fois un « officier de liaison » pour maintenir de « bonnes relations » avec la figure de proue de l’opposition Aung San Suu Kyi.
L’ONU, elle, n’en est pas à son premier échec sur ce dossier. « La Birmanie est un cimetière diplomatique », rappelle Kyaw Zwa Moe, vétéran de la lutte prodémocratique, en exil en Thaïlande. « Les six diplomates chargés du dossier birman qui se sont succédé depuis 1990 ont tous renoncé, dans un état de terrible frustration. » Le Mauricien Rajsoomer Lallah n’a jamais pu obtenir de visa en quatre ans. Après douze visites, le Malaisien Razali Ismail, le seul à avoir obtenu une ébauche de dialogue fin 2003, n’a pas renouvelé son contrat en janvier 2006 : « J’ai échoué, je pensais pouvoir faciliter le processus de réconciliation nationale et de démocratisation. Je n’ai pas réussi. C’est ainsi. Cela ne sert à rien de tourner autour du pot », avait-il constaté.
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