Les Thaïlandais infligent un camouflet à l'armée
L'ancien premier ministre Thaksin Shinawatra, renversé et poussé à l'exil par un putsch militaire en 2006, est remis en selle par la victoire de ses partisans hier.
Bangkok
Les Thaïlandais ont voté hier pour mettre fin à quinze mois de dictature militaire. Ironie de la situation : ces premières élections législatives depuis le putsch qui a chassé du pouvoir le premier ministre Thaksin Shinawatra ont consacré la victoire de ses partisans. Après dépouillement de 95 % des bulletins, le Parti du pouvoir populaire (PPP, résurgence du parti Thaï Rak Thaï de Thaksin) était crédité hier soir de 228 des 480 sièges à la Chambre basse du Parlement, contre 166 pour son rival, le Parti démocrate.
Ce résultat est un désaveu pour les militaires, qui n'ont eu de cesse d'affirmer que leur coup d'État de septembre 2006 avait délivré les Thaïlandais de leur premier ministre « tyrannique et corrompu ». Le scrutin qui devait ramener un semblant de démocratie n'a cependant pas changé grand-chose aux divisions du passé et à l'instabilité du paysage politique thaïlandais, puisque le PPP n'obtiendrait pas la majorité absolue.
Le scrutin peut s'analyser comme « une guerre par procuration entre Thaksin et les putschistes », résume Chris Baker, auteur de Thaksin, le business de la politique en Thaïlande. Deux hommes s'affrontaient pour le poste de premier ministre : le dirigeant démocrate Abhisit Vejjajiva, qui avait le soutien tacite de la junte, et Samak Sundaravej, le candidat du PPP qui se proclamait «l'homme de paille de Thaksin».
Tout au long de la campagne, ce conservateur a d'ailleurs affiché sa priorité : permettre au magnat des télécommunications, en exil à Londres, de retourner en Thaïlande pour laver son honneur. Le PPP a annoncé son retour pour le 14 février, ce qui pourrait être une source de confrontation.
La logique voudrait que Samak, 72 ans, un ancien gouverneur de Bangkok qui traîne de nombreuses casseroles d'abus de biens sociaux, forme un gouvernement de coalition. Deux partis de second rang devraient négocier âprement leurs 60 à 70 sièges.
Pratiques de corruption
Quoi qu'il en soit, il faut s'attendre à de rudes lendemains d'élections. «Le vœu des Thaïlandais est que les militaires retournent dans leurs casernes et qu'ils ne cherchent pas à contrôler le bureau du premier ministre», selon l'éditorialiste du Bangkok Post. Mais, pour l'analyste politique Thitinan Pongsudhirak, «es généraux ne peuvent laisser le PPP gouverner et désavouer leur putsch».
Reste à savoir jusqu'où l'armée pourra nier la victoire du PPP. En faisant adopter jeudi dernier par l'Assemblée nationale la loi sur la sécurité intérieure, les chefs militaires se sont assuré durablement un contrôle total sur le pays. «Cette loi, c'est leur police d'assurance contre la victoire du PPP, estime Thitinan. Ils n'ont même plus besoin d'organiser un nouveau coup d'État.» La loi permet aux militaires de décréter des couvre-feux, de limiter la liberté de déplacement et d'encadrer les pouvoirs des responsables gouvernementaux quand ils jugent la sécurité nationale menacée.
Selon un scénario qui circulait hier chez les analystes politiques, dans un premier temps, les militaires «pourraient déposer une série de plaintes pour fraudes électorales contre les candidats du PPP pour les exclure de la vie politique». Ce qui ne devrait pas être très difficile : la commission électorale a déjà reçu 700 plaintes relatives à des pratiques de corruption. Cependant, à Washington, le département d'État américain a tenu à saluer hier des élections législatives «ibres et justes» qui représentent «une avancée cruciale vers le retour à un gouvernement élu».
Bangkok
Les Thaïlandais ont voté hier pour mettre fin à quinze mois de dictature militaire. Ironie de la situation : ces premières élections législatives depuis le putsch qui a chassé du pouvoir le premier ministre Thaksin Shinawatra ont consacré la victoire de ses partisans. Après dépouillement de 95 % des bulletins, le Parti du pouvoir populaire (PPP, résurgence du parti Thaï Rak Thaï de Thaksin) était crédité hier soir de 228 des 480 sièges à la Chambre basse du Parlement, contre 166 pour son rival, le Parti démocrate.
Ce résultat est un désaveu pour les militaires, qui n'ont eu de cesse d'affirmer que leur coup d'État de septembre 2006 avait délivré les Thaïlandais de leur premier ministre « tyrannique et corrompu ». Le scrutin qui devait ramener un semblant de démocratie n'a cependant pas changé grand-chose aux divisions du passé et à l'instabilité du paysage politique thaïlandais, puisque le PPP n'obtiendrait pas la majorité absolue.
Le scrutin peut s'analyser comme « une guerre par procuration entre Thaksin et les putschistes », résume Chris Baker, auteur de Thaksin, le business de la politique en Thaïlande. Deux hommes s'affrontaient pour le poste de premier ministre : le dirigeant démocrate Abhisit Vejjajiva, qui avait le soutien tacite de la junte, et Samak Sundaravej, le candidat du PPP qui se proclamait «l'homme de paille de Thaksin».
Tout au long de la campagne, ce conservateur a d'ailleurs affiché sa priorité : permettre au magnat des télécommunications, en exil à Londres, de retourner en Thaïlande pour laver son honneur. Le PPP a annoncé son retour pour le 14 février, ce qui pourrait être une source de confrontation.
La logique voudrait que Samak, 72 ans, un ancien gouverneur de Bangkok qui traîne de nombreuses casseroles d'abus de biens sociaux, forme un gouvernement de coalition. Deux partis de second rang devraient négocier âprement leurs 60 à 70 sièges.
Pratiques de corruption
Quoi qu'il en soit, il faut s'attendre à de rudes lendemains d'élections. «Le vœu des Thaïlandais est que les militaires retournent dans leurs casernes et qu'ils ne cherchent pas à contrôler le bureau du premier ministre», selon l'éditorialiste du Bangkok Post. Mais, pour l'analyste politique Thitinan Pongsudhirak, «es généraux ne peuvent laisser le PPP gouverner et désavouer leur putsch».
Reste à savoir jusqu'où l'armée pourra nier la victoire du PPP. En faisant adopter jeudi dernier par l'Assemblée nationale la loi sur la sécurité intérieure, les chefs militaires se sont assuré durablement un contrôle total sur le pays. «Cette loi, c'est leur police d'assurance contre la victoire du PPP, estime Thitinan. Ils n'ont même plus besoin d'organiser un nouveau coup d'État.» La loi permet aux militaires de décréter des couvre-feux, de limiter la liberté de déplacement et d'encadrer les pouvoirs des responsables gouvernementaux quand ils jugent la sécurité nationale menacée.
Selon un scénario qui circulait hier chez les analystes politiques, dans un premier temps, les militaires «pourraient déposer une série de plaintes pour fraudes électorales contre les candidats du PPP pour les exclure de la vie politique». Ce qui ne devrait pas être très difficile : la commission électorale a déjà reçu 700 plaintes relatives à des pratiques de corruption. Cependant, à Washington, le département d'État américain a tenu à saluer hier des élections législatives «ibres et justes» qui représentent «une avancée cruciale vers le retour à un gouvernement élu».
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