Le roi de Thaïlande voit son image écornéeDiffusé en boucle dans tous les lieux publics, le nouvel hymneà la gloire du roi Bhumibol Adulyadej, le doyen des monarques, célèbre «le plus grand dans tous les arts et les sciences».
Certains Thaïlandais reprochent à leur souverain, qui fête ses 80 ans aujourd’hui, d’avoir laissé faire le coup d’État militaire de 2006.
Il est hologramme dans les fontaines, décoration dans les sapins de Noël. Tous les centres commerciaux ont un autel à sa gloire. Ses portraits géants bornent les autoroutes.
Entonné avec force trémolos par les membres du gouvernement, un nouvel hymne diffusé en boucle dans tous les lieux publics célèbre «Le plus grand dans tous les arts et les sciences/Ses rimes et ses poèmes submergent les cœurs/L’horizon se remplit de pluie et chaque arbre salue avec joie/Pour aimer et s’unir pour le père des Thaïs».
Jamais les Thaïlandais ne s’étaient laissés aller à un tel culte de la personnalité. Quand le roi Bhumibol Adulyadej, neuvième descendant de la dynastie Chakri, doyen des têtes couronnées et des chefs d’État en exercice fête ses 80 ans, la bonne société se confond en louanges et rivalise de dons pour les bonnes œuvres du monarque.
Cet élan pour ce personnage austère «n’a rien de spontané», estime l’analyste politique Giles Ji Ungpakorn. «Le palais fait une campagne très offensive de promotion de la monarchie, notamment avec cette folie des T-shirts.» Cela fait deux ans que les Thaïlandais portent du jaune canari, couleur associée au lundi, jour de naissance du roi. Mais à sa sortie d’hôpital, le mois dernier, Bhumibol Adulyadej est apparu dans une veste rose bonbon, couleur qui, selon un astrologue, devait lui permettre de retrouver ses forces. Le lendemain, tous les Thaïlandais étaient en rose eux aussi. Une semaine plus tard, le monarque avait opté pour le vert, censé lui apporter le succès. Les rues sont immédiatement devenues vertes.
Déclin de popularité
Malgré ces démonstrations de loyauté, Sulak Siravaksa, l’un des rares intellectuels thaïlandais osant critiquer l’institution royale protégée par des lois de lèse-majesté, croit déceler «un déclin de la popularité du roi ». «L’opacité maintenue autour de la monarchie est propice à la multiplication des questionnements et des rumeurs», estime-t-il. Il cite l’épisode du clip vidéo disponible sur Internet tournant le monarque en dérision, qui n’est pour lui qu’un début.
Pour Giles Ji Ungpakorn, auteur de l’ouvrage Un coup d’État pour les riches, «le coup d’État militaire mené avec la bénédiction du roi en septembre 2006 pour renverser le premier ministre élu Thaksin Shinawatra a déclenché une crise de la monarchie sur le long terme». «Avant, les gens pouvaient aimer à la fois Thaksin – magnat des télécommunications populiste avec un fort ancrage dans les campagnes du Nord-Est – et la monarchie. Mais depuis le putsch, 10 % des partisans de Thaksin émettent des doutes sur la monarchie», explique Thanapol Eawasakul, rédacteur en chef du magazine de Fah Diaw Kan, gazette politique interdite récemment pour crime contre lèse-majesté.
Si le dernier putsch a exposé la monarchie à la critique, cela ne signifie pas non plus la fin imminente de cette institution révérée par beaucoup des 66 millions de sujets. Malgré la Constitution qui le cantonne à contresigner les décisions du gouvernement, Bhumibol Adulyadej est parvenu à incarner le rayonnement du bouddhisme, la pérennité de la culture thaïe, un ordre social équilibré et la grandeur multiséculaire du Siam. Et lors des cérémonies de l’esplanade royale, nombreux seront ceux qui le révéreront aujourd’hui les mains jointes comme devant une représentation du Bouddha.
Certains Thaïlandais reprochent à leur souverain, qui fête ses 80 ans aujourd’hui, d’avoir laissé faire le coup d’État militaire de 2006.
Il est hologramme dans les fontaines, décoration dans les sapins de Noël. Tous les centres commerciaux ont un autel à sa gloire. Ses portraits géants bornent les autoroutes.
Entonné avec force trémolos par les membres du gouvernement, un nouvel hymne diffusé en boucle dans tous les lieux publics célèbre «Le plus grand dans tous les arts et les sciences/Ses rimes et ses poèmes submergent les cœurs/L’horizon se remplit de pluie et chaque arbre salue avec joie/Pour aimer et s’unir pour le père des Thaïs».
Jamais les Thaïlandais ne s’étaient laissés aller à un tel culte de la personnalité. Quand le roi Bhumibol Adulyadej, neuvième descendant de la dynastie Chakri, doyen des têtes couronnées et des chefs d’État en exercice fête ses 80 ans, la bonne société se confond en louanges et rivalise de dons pour les bonnes œuvres du monarque.
Cet élan pour ce personnage austère «n’a rien de spontané», estime l’analyste politique Giles Ji Ungpakorn. «Le palais fait une campagne très offensive de promotion de la monarchie, notamment avec cette folie des T-shirts.» Cela fait deux ans que les Thaïlandais portent du jaune canari, couleur associée au lundi, jour de naissance du roi. Mais à sa sortie d’hôpital, le mois dernier, Bhumibol Adulyadej est apparu dans une veste rose bonbon, couleur qui, selon un astrologue, devait lui permettre de retrouver ses forces. Le lendemain, tous les Thaïlandais étaient en rose eux aussi. Une semaine plus tard, le monarque avait opté pour le vert, censé lui apporter le succès. Les rues sont immédiatement devenues vertes.
Déclin de popularité
Malgré ces démonstrations de loyauté, Sulak Siravaksa, l’un des rares intellectuels thaïlandais osant critiquer l’institution royale protégée par des lois de lèse-majesté, croit déceler «un déclin de la popularité du roi ». «L’opacité maintenue autour de la monarchie est propice à la multiplication des questionnements et des rumeurs», estime-t-il. Il cite l’épisode du clip vidéo disponible sur Internet tournant le monarque en dérision, qui n’est pour lui qu’un début.
Pour Giles Ji Ungpakorn, auteur de l’ouvrage Un coup d’État pour les riches, «le coup d’État militaire mené avec la bénédiction du roi en septembre 2006 pour renverser le premier ministre élu Thaksin Shinawatra a déclenché une crise de la monarchie sur le long terme». «Avant, les gens pouvaient aimer à la fois Thaksin – magnat des télécommunications populiste avec un fort ancrage dans les campagnes du Nord-Est – et la monarchie. Mais depuis le putsch, 10 % des partisans de Thaksin émettent des doutes sur la monarchie», explique Thanapol Eawasakul, rédacteur en chef du magazine de Fah Diaw Kan, gazette politique interdite récemment pour crime contre lèse-majesté.
Si le dernier putsch a exposé la monarchie à la critique, cela ne signifie pas non plus la fin imminente de cette institution révérée par beaucoup des 66 millions de sujets. Malgré la Constitution qui le cantonne à contresigner les décisions du gouvernement, Bhumibol Adulyadej est parvenu à incarner le rayonnement du bouddhisme, la pérennité de la culture thaïe, un ordre social équilibré et la grandeur multiséculaire du Siam. Et lors des cérémonies de l’esplanade royale, nombreux seront ceux qui le révéreront aujourd’hui les mains jointes comme devant une représentation du Bouddha.
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